Une publication sur LinkedIn affirme que « le Ghana a ordonné à tous les commerçants étrangers d’or de quitter le pays ». Le message, largement partagé sur les réseaux sociaux, suggère une mesure d’expulsion ciblant les étrangers actifs dans le secteur aurifère.
Mais qu’en est-il réellement ?
Fact-Check Congo a vérifié les faits.
Une réforme, pas une expulsion !
Contrairement à ce que laisse entendre le post, le gouvernement ghanéen n’a pas ordonné l’expulsion des commerçants étrangers. Il s’agit plutôt d’une réforme structurelle du marché local de l’or artisanal, annoncée officiellement par le ministère des Finances ghanéen en avril 2025.
À partir du 1er mai 2025, les étrangers ne pourront plus acheter directement de l’or aux mineurs artisanaux dans le pays. Cette activité sera désormais centralisée par un nouvel organisme public : le Ghana Gold Board (GoldBod) qui a d’ailleurs publié un communiqué de presse y relatif sur sa page officielle sur Meta, ancien Facebook le 15 avril dernier qui peut être lu ici.
Ce que dit exactement la décision
Selon cet article du journal ghanéen Graphic Online, la nouvelle réglementation nommée Ghana Gold Board Act (ACT 1140), 2025 :
- Interdit la vente de l’or au niveau local pour les étrangers et les particuliers, et ce, à compter du 1er mai 2025
- Attribue le monopole à Ghana Gold Board (GoldBod) qui devient le seul autorisé à réglementer, contrôler, acheter, vendre, évaluer et exporter tout l’or produit par le secteur de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle.
- Invalide toutes les licences précédemment délivrées par la Precious Minerals Marketing Company (PMMC) ou le ministre responsable des mines permettant à des individus ou entités (autres que des sociétés minières à grande échelle) de vendre ou de négocier de l’or.
- Ces mesures s’inscrivent dans des réformes visant à augmenter les réserves de change du pays et stabiliser la monnaie locale, le Ghana cedi.
Aucune autorité ghanéenne ne parle d’« expulsion » ou de départ forcé. L’État cherche à mieux contrôler la chaîne de valeur, à réduire la contrebande, et à augmenter ses recettes fiscales.
« La création du GoldBod permettrait au Ghana de bénéficier davantage des ventes d’or tout en maintenant la stabilité de la monnaie nationale », avait déclaré en janvier à Reuters, le ministre des finances du Ghana Cassiel Ato Forson.
« Cette affirmation est trompeuse. L’autorité de régulation de l’or n’a fait qu’interdire aux étrangers le commerce local de l’or », a déclaré à Fact-Check Congo Abdur Rahman Alfa Shaban, Journaliste Ghanéen, rédacteur à Ghana Fact.
Pourquoi cette réforme ?
Le Ghana, premier producteur d’or d’Afrique, a vu ses exportations d’or atteindre 11,64 milliards de dollars en 2024, dont près de 5 milliards provenant de l’exploitation artisanale légale.
Cependant, le secteur artisanal reste entaché par :
- La contrebande d’or vers les pays voisins ;
- L’influence de réseaux étrangers peu régulés ;
- Les activités illégales, connues localement sous le nom de galamsey, qui causent de graves dégâts environnementaux.
Conclusion : vérifiez avant de partager
L’affirmation selon laquelle le Ghana aurait « ordonné à tous les commerçants étrangers d’or de quitter le pays » est exagérée et trompeuse. Elle repose sur une mauvaise interprétation d’une réforme économique sérieuse et documentée.
Face à la circulation rapide d’informations mal interprétées ou volontairement déformées, la vérification reste essentielle.
Fact-Check Congo est disponible sur Facebook, LinkedIn, WhatsApp et Twitter.
Rejoignez-nous pour contrer la désinformation, une vérification à la fois!