Une prétendue « lettre ouverte » de rupture largement diffusée en ligne.
Depuis le 30 mars 2025, un document prétendument émis par la Présidence, le gouvernement et le Parlement de la République du Congo circule massivement sur les réseaux sociaux et applications de messagerie.
Il annonce la rupture officielle des « relations néocoloniales » avec la France, accompagnée de mesures spectaculaires notamment la fin des accords bilatéraux, nationalisation des entreprises françaises, poursuites internationales contre Paris, et expulsion progressive des ressortissants français.
Présentée comme signée par le Président Denis Sassou Nguesso, le Premier ministre Anatole Collinet Makosso et le président du Parlement, cette lettre a provoqué une vague de réactions en ligne.
Fact-Check Congo a analysé la soi-disant lettre attribuée à la Présidence de la République et a relevé plusieurs incohérences et des remarques concernant les formes et procédures diplomatiques usuelles.
- Une rupture des relations diplomatiques ou bilatérales entre deux États ne s’effectue jamais à travers une lettre ouverte publiée dans les médias ou adressée de manière publique. Elle doit suivre un canal diplomatique formel, respectant les usages du droit international et les conventions de Vienne sur les relations diplomatiques (1961).
- Seul le ministère des Affaires étrangères, de la Francophonie et des Congolais de l’étranger est compétent et habilité à communiquer officiellement avec les chancelleries étrangères et les organisations internationales. Une déclaration de rupture, un rappel d’ambassadeur ou l’expulsion de diplomates doit être notifiée par voie diplomatique, à travers notes verbales ou lettres officielles signées par le ministre des Affaires étrangères.
- La lettre est signée à la fois par le Président, le Premier ministre et le Président du Parlement, ce qui est inhabituel. En matière diplomatique, le Chef de l’État peut prendre la décision, mais sa mise en œuvre passe par le gouvernement via le ministère compétent. Le Parlement, lui, peut être consulté ou informé, mais n’intervient pas directement dans la communication diplomatique.
- Le « Président du Parlement Congolais » n’est pas une désignation officielle :
La terminologie correcte est Président de l’Assemblée nationale ou Président du Sénat, selon le cas. Utiliser « Président du Parlement Congolais » est une simplification inexacte dans un document diplomatique. - Tous les documents officiels à destination des représentations diplomatiques doivent être datés, signés et cachetés par le Ministre ou son représentant, avec nom et qualité précisés, et transmis via les canaux du protocole diplomatique.
Un démenti officiel dès le 31 mars 2025
Ce lundi, l’ambassade du Congo en France a publié un communiqué officiel démentant formellement l’authenticité de cette lettre. Le texte est qualifié de « falsification grossière », ne représentant aucunement la position officielle du gouvernement congolais. Il est rappelé que les relations bilatérales entre la République du Congo et la République française restent stables et cordiales.
Dans la foulée, la Présidence de la République du Congo, contactée par Fact-Check Congo, a réagi en nous faisant parvenir ces images confirmant une fois de plus qu’il s’agit d’une fausse information :
La diffusion de fausses informations de ce type peut alimenter un climat de tension, créer la panique au sein des populations concernées, et perturber les relations internationales. Il est crucial de ne relayer que les informations issues de sources fiables.
Fact-Check Congo vous invite à vérifier les informations avant de les partager.
Ensemble, luttons contre la désinformation pour un espace numérique plus sain et responsable.