Lors d’une émission diffusée le 9 mars dernier sur Youtube, sur Tv Poos Cast, M. Dave Uphrem Mafoula, acteur politique congolais, a fait plusieurs déclarations sur la situation socio-économique du Congo-Brazzaville.
Parmi ces nombreuses déclarations, on peut noter que M. Mafoula a affirmé entre autres, qu’il y a près de 1000 décès par semaine au Congo-Brazzaville.
Fact-Check Congo a vérifié.
Pour rappel, M. Dave Uphrem Mafoula, homme politique congolais, président du parti « Les Souverainistes », a été le plus jeune candidat à l’élection présidentielle du 21 mars 2021 en République du Congo.
Analyse des affirmations
« Il y a 1 000 décès par semaine à Brazzaville, et allez-y vérifier dans les morgues municipales de Brazzaville, de Talangaï et de Makélékélé. » : Non vérifiable
Fact-Check Congo a contacté l’auteur de cette affirmation. Dave Mafoula a maintenu ses propos:
« Ce sont des données que je tiens de mes sources au sein de ces différentes morgues situées dans la ville de Brazzaville, même si je n’ai aucun document officiel sur ça. Faites également un tour dans les morgues en question pour avoir plus d’informations », a-t-il conclu.
Fact-Check Congo a également contacté le ministère de la Santé et de la Population qui a balayé d’un revers de la main ces affirmations : « 1000 morts par semaine, ce sont des inepties que l’auteur ne peut prouver scientifiquement », nous a-t-on répondu sans toutefois donner des données chiffrées probantes sur le taux de décès .
Fact-Check Congo a consulté les données disponibles qui ne confirment pas ce chiffre.
Le rapport 2023 de l’Organisation Mondiale de la Santé sur la surveillance des décès indique que 5 274 décès néo-juvéniles ont eu lieu en 2023, soit une moyenne de 101 décès par semaine. Toutefois, aucune donnée récente sur la mortalité adulte n’est disponible, rendant difficile la validation du chiffre de 1 000 décès hebdomadaires.
Fact-Check Congo n’a pu obtenir lors de descentes sur terrain dans les trois morgues citées par l’auteur des propos, des preuves attestant de ces chiffres.
Il est impossible de confirmer la véracité d’une déclaration qui ne repose pas sur des faits vérifiables. En l’absence de sources fiables et vérifiables, nous ne pouvons conclure à l’authenticité de cette affirmation.
« Le Congo-Brazzaville occupe la 118ᵉ place sur 139 pays sur l’indicateur État de droit : Vrai
Selon le World Justice Project Rule of Law Index, la République du Congo était classée 118ᵉ sur 139 pays en 2021. Dave Mafoula a confirmé à Fact-Check Congo que « les données évoquées lors de cet entretien sont celles de 2021, au début du mandat de Denis Sassou Nguesso ».
En 2024, la République du Congo est classée 121ᵉ sur 142 pays, ce qui peut s’expliquer par des changements dans le nombre de pays évalués ou des évolutions dans les performances du pays.
« Sur les droits fondamentaux, le Congo-Brazzaville occupe la 122ᵉ place sur 139 pays. » : Vrai
Sur le classement général de World Justice Project Rule of Law Index, la République du Congo a occupé la 121ᵉ sur 142 en 2024. Ce qui suggère des défis persistants dans ce domaine, bien que le classement spécifique sur les droits fondamentaux ne soit pas détaillé. Selon Dave Mafoula contacté par Fact-Check Congo, ses propos se situent en 2021. Compte tenu de cette précision, nous pouvons conclure que sa déclaration est exacte. La précision de l’année est cruciale dans ce contexte.
Pour rappel, les droits fondamentaux, selon les Nations unies, sont des droits accordés à chaque individu et assurés dans un état de droit et une démocratie.
« Le taux de pauvreté au Congo-Brazzaville est à pratiquement 50 %. » : Déclaration approximative
Selon la Banque mondiale, en 2024, le taux de pauvreté était estimé à 46,8 %. Si le taux de pauvreté a diminué de 20 points de pourcentage, passant de 42,3% en 2005 à 21,6% en 2011 à Brazzaville, et une forte réduction de la pauvreté (13 %), passant de 33,5% en 2005 à 20,3% en 2011 dans la ville de Pointe-Noire, la pauvreté a augmenté dans les zones rurales où le nombre de pauvres s’est accru de 4,6 points, passant de 64,8% en 2005 à 69,4% en 2011.
Des variations qui peuvent être dues à des différences méthodologiques ou à des évolutions socio-économiques récentes. En conclusion, l’affirmation selon laquelle le taux de pauvreté au Congo-Brazzaville est de 50 % est approximative des données officielles. En réalité, selon la Banque mondiale, le taux de pauvreté en 2024 était estimé à 46,8 %. Cependant, il est vrai que la pauvreté a diminué dans les zones urbaines comme Brazzaville et Pointe-Noire entre 2005 et 2011, tandis qu’elle a augmenté dans les zones rurales.
« La dette du Congo-Brazzaville est de près de 99 %, environ 8 000 milliards. » : Vrai
Les chiffres disponibles confirment cette affirmation. Les données officielles du Gouvernement de la République du Congo publiées sur le site du ministère des finances montrent qu’en 2023, la dette publique totale du Congo s’élevait à exactement 8 497,28 milliards de FCFA représentant 87,94% du PIB. Selon le Fonds Monétaire international cité par la Direction générale du Trésor français, la dette publique totale du Congo s’élèverait à 14,1 Mds USD (soit 8 508 Mds FCFA) en 2023, ce qui représente 99,0% du PIB (contre 92,5% du PIB en 2022).
« Les actionnaires de E2C sont pour la plupart membres du Parti Congolais du travail ou travaillent dans les ministères et autres institutions sur la place publique : Vrai
La société Énergie Électrique du Congo (E2C) a été créée le 29 juillet 2018, avec les actionnaires suivants, tels que mentionnés dans les statuts de ladite entreprise. Les recherches de Fact-Check Congo ont montré que chaque actionnaire mentionné dans ces statuts occupe un poste officiel au sein d’une institution publique.
- L’État congolais, représenté par M. Gilbert Ondongo, ancien Ministre d’Etat, ministre de l’Économie, industrie et portefeuille public
- M. Valentin René Mbemba, est actuellement Conseiller à la Présidence de la République, chef du département de l’aménagement du territoire, des travaux publics, de la construction, de la ville et de l’habitat
- M. Jean Jacques Ikama, est actuellement Conseiller à la Primature de la République, chef de département hydrocarbures, électricité et transition énergétique.
- M. Gaston Andoka, occupe le poste de Conseiller au ministère de l’Économie, industrie et portefeuille public, Conseiller aux normes, à la qualité et à la propriété industrielle
- M. Mesmin Euloge Koumba, est Conseiller au ministère de l’Économie, industrie et portefeuille public, Conseiller aux reformes et à l’amélioration du climat des affaires
- M. Zacharie Mokemo,est le Directeur de Cabinet du Ministre de l’Aménagement, de l’Equipement du Territoire et des Grands Travaux
- M. Yannick Lionel Nkodia, occupe le poste de Chef de cabinet du Ministre Directeur de cabinet, à la Primature de la République
Les déclarations de M. Dave Uphrem Mafoula illustrent l’importance de la vérification des faits dans le débat public. Si certaines de ses affirmations reposent sur des données vérifiables et avérées, d’autres s’avèrent inexactes. Cette analyse souligne la nécessité pour les responsables politiques de s’appuyer sur des informations fiables et pour les citoyens de croiser les sources avant de prendre position.
Dans un contexte où la désinformation peut influencer les perceptions et les décisions, la vigilance et l’accès à des faits rigoureux restent essentiels à un débat démocratique éclairé.
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